Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute. – Allociné
Möbius marque le retour attendu de Jean Dujardin après le triomphe dans The Artist pour lequel il a obtenu des prix à la pelle dont le plus convoité l’Oscar du meilleur acteur. Il y a bien eu Les Infidèles en février 2012 mais ça ne compte pas vraiment puisqu’il avait été tourné avant l’obtention de la fameuse statuette. Il fait son retour dans ce film assez spécial puisqu’au style singulier: une histoire d’amour sur fond d’espionnage. Sur le papier c’est intéressant, on comprend qu’une relation amoureuse puisse déranger une mission d’un service secret. Néanmoins je n’ai pas réussi à accrocher car en fait dans ce cas c’est plus le côté espion qui vient déranger l’histoire d’amour. Le scénario est écrit par Eric Rochant qu’il a lui même mis en scène. Il a donc fait le choix de mettre en avant ce couple au dépend de l’histoire au sens général. Cependant il y a quand même des idées à prendre dans l’écriture de cette relation puisque les deux personnages sont clairement attirés l’un envers l’autre mais ils ne connaissent pas le double jeu que joue chacun. Malheureusement cette concentration trop importante sur Grégory et Alice nous fait perdre le reste. C’est aussi du à la mise en scène de Rochant qui est certes réussi sur le plan esthétique mais qui sacralise trop cette histoire d’amour. Ça donne lieu à des scènes intimes qui deviennent par moment un peu ridicules. Le rythme est trop monotone pour nous embarquer et du coup on suit le film sans vraiment s’y intéresser comme on devrait. Le côté espionnage passe donc à la trappe pour nous spectateurs alors qu’il aurait pu être beaucoup mieux exploité. Et lorsque le film d’amour vient enfin s’entrelacer avec le film d’espionnage après presque une heure, on espère que ça va décoller, qu’on aura droit à du suspens mais non. Le long métrage garde son rythme et nous perd pour de bon. En fait j’ai eu l’impression de ne pas voir le film que je voulais. C’est comme si on me forçait à voir une film romantique mais que j’attendais la partie thriller encore et encore pour finalement ne jamais la voir réellement. Résultat: l’histoire amoureuse ne m’accroche pas et quand le peu de CIA et services secrets russes sont là, c’est trop tard j’ai déjà lâché l’affaire. Au final oui c’est bien filmé mais on s’ennuie un peu. Côté acteur, Jean Dujardin interprète Grégory Lioubov. Je l’aime bien, il fait le job mais je ne pense pas que ce genre de rôle soit fait pour lui. Certains acteurs arrivent à faire passer des émotions et à faire ressentir le caractère de leur personnage dans le minimalisme, sans parler comme par exemple Ryan Gosling dans Drive. Dujardin le fait aussi mais avec moins d’impact. On ne ressent pas assez le mystère de son personnage et la tourmente qui l’entoure. Une prestation qui reste tout de même de bonne facture pour son retour. Alice, la deuxième moitié du couple, est jouée par Cécile de France que l’on a vu dans Au-delà de Clint Eastwood ou encore Mesrine de Jean-François Richet. Elle est un peu dans le même cas que son partenaire. Dans les scènes avec Rostovski, sujet de l’enquête, on ne sent pas assez qu’elle se met en danger pour se rapprocher de lui. L’interprétation aurait pu être poussée plus loin même si ça vient aussi du scénario qui n’est pas assez abouti de ce point de vue. Rostovski est interprété par Tim Roth, acteur connu pour ses rôles dans les excellents Reservoir Dogs et Pulp Fiction de Quentin Tarantino. Ici il livre une prestation correcte dans un second rôle. En bref Möbius est un film qui manque surtout d’équilibre et de profondeur dans son scénario pour nous emballer, une déception.
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